Le Politique 'nécessaire' de Montaigne
Résumé
La " nécessité " est une notion machiavélienne, liée à la fortune et l'on peut se demander si Montaigne l'accepte avec une résignation due à la crise de l'État qu'il a connue ou bien en référence à la notion d'État en soi. Alors que le mot " politique " avait maintenu une connotation républicaine au Moyen Âge et encore au début du XVIe siècle, la notion se développe à la Renaissance et en français avec les deux acceptions majeures que nous connaissons maintenant : " le " ou " la " politique, comme science de l'État et de son gouvernement ; " la " politique et son adjectif, comme " art " ou conduite de la cité dans sa réalité pratique, sensiblement affectée au cours du siècle par sa confusion possible avec les principes machiavéliens. Chez Montaigne, la conservation de soi, l'éloge de la poltronnerie et le refus d'être volontairement exterminé montrent sa préférence pour une politique gestionnaire de la cité, et l'abandon d'une certaine forme de vertu guerrière, délaissant une politique " épique " au profit d'une politique de la polis : civile, multiple, accommodante, " ménagère ". Montaigne invite à renoncer aux rêves de grandeur, d'expansion et de contrôle idéologique impérial, qui mènent à la tragédie.