Le sens à l'épreuve du sang
Résumé
Au début du Xxe siècle, le tableau d'Antoine Caron Les Massacres du Triumvirat (1566) a été commenté dans deux textes de nature différente qui ont néanmoins comme point commun leur anachronisme : celui de Leiris (1929) repose sur le montage libre d'images, sur le fantasme ; celui de Lebel (1938) sur une recherche des sources historiques. Or, cet anachronisme me paraît résider dans le dispositif visuel même de l'œuvre qui tout en soulignant les liens de cause à effet entre les tyrans et les massacres fait la part belle aux représentations sanglantes et aux actions sanguinaires qui captent le regard et détournent le spectateur d'une analyse politique de l'œuvre. Les moyens mis en œuvre par Caron brouillent la leçon humaniste de l'épisode au profit d'un spectacle sanglant.