P. Ce-constat-s-'étend, H. Gordan, and . Minkowski, Les apports des deux prosopographies ne sont donc pas redondants, ils éclairent deux aspects distincts de l'insertion d'Hermite dans le monde mathématique de la deuxième moitié du 19 e siècle Les deux enquêtes sont d'ailleurs loin d'épuiser la richesse de ce monde. Hermite, nous l'avons vu plus haut, a entretenu une vaste correspondance, dont une infime partie a été entrevue ici sous forme de lettres publiées dans les journaux réguliers. Or, ces correspondances font apparaître des ensembles de noms souvent très différents de ceux mentionnés dans les articles. Pour ne prendre qu'un exemple, les lettres d'Hermite à Thomas Stieltjes mettent en scène 220 personnes environ (contre rappelons-le, 159 seulement dans les articles de recherche) 41 . Certains noms de collègues comme Benjamin Baillaud, Désiré André, David Bierens de Haan ou Sofia Kowalevskaia (« Mme de Kowalewski ») font leur apparition alors qu'ils ne sont pas sollicités dans le cadre des articles. Il s'agit bien d'une ouverture sur de nouvelles relations ou de nouvelles activités, qui participeraient pleinement de l'élaboration d'une biographie scientifique, et ne laissent presque pas de traces explicites dans les articles de recherche. Hermite écrit ainsi en 1883 que : « M. Tisserand que j'ai eu pour élève est un de mes amis et j'ai avec tous [les astronomes de l'Observatoire de Paris] de bons et excellents rapports » ou encore en 1889 que c'est «?Mr Darboux avec qui je m'entretiens de vos intérêts, est ordinairement le lundi que j'ai l'occasion de le voir et de causer amicalement avec lui dans le cabinet de M. Bertrand » 42 . De nouvelles catégories de personnes sont aussi explicitées par Hermite, par exemple sa famille. On rencontre « [s]a famille de Lorraine Mme Hermite », etc., qui ne jouent pas de rôle dans ses articles, mais aussi en qualité familiale, plusieurs noms déjà rencontrés dans les deux prosopographies : le beau-frère d'Hermite, Joseph Bertrand, ses deux gendres Georges Forestier et Émile Picard, son neveu par alliance Paul Appell. Les deux premiers sont polytechniciens, les deux derniers normaliens, et si rien ne les distingue dans les articles des autres auteurs cités, on constate dans les correspondances que les réunions familiales sont l'occasion de 39

H. Charles, Sur les liens entre Jordan et Hermite, voir Frédéric BRECHENMACHER, « Self-portraits with Évariste Galois (and the shadow of Camille Jordan)», Revue d'histoire des mathématiques, pp.583-271, 2011.

. Sur-les-recherches-de-gordan-sur-la-théorie-des-invariants, H. Voir-karen, and . Parshall, The History of Modern Mathematics, vol. I = Ideas and their Reception, sur les relations de Minkowski à Hermite et ses successeurs, voir Sébastien GAUTHIER, La Géométrie des nombres comme discipline Thèse de l'UPMC et « Justifier l'utilisation de la géométrie en théorie des nombres : des exemples chez C.F. Gauss et H. Minkowski », in Dominique FLAMENT et Philippe NABONNAND, Justifier en mathématiques, pp.157-206, 1989.

H. Charles, S. Thomas, . Correspondance, B. Benjamin, and B. Henry, Cette édition contient un index d'auteurs, p.42, 1905.