Le crépuscule des ethnies, identités et politique : le recensement russe de 2002 en République du Bachkortostan
Résumé
Ce travail s'intègre dans un numéro spécial de la RECEO consacré au recensement russe de 2002. En Russie, l'appartenance ethnique-nationale a toujours été l'une des composantes identitaires des individus prise en compte par le recensement. Cette opération a donc présenté l'opportunité de pouvoir analyser les transformations intervenues, d'une part, à l'échelle des individus, dans leur manière de se désigner et, d'autre part, à l'échelle de l'Etat, dans sa conception de l'ethnicité. Fondé sur l'étude de la presse locale, régionale et centrale et sur un travail de terrain, cet article revient sur les nombreuses improvisations et contradictions qui ont émaillé le travail de la direction de la statistique et de la commission de recensement. Dans l'opinion, à l'échelle des relations entre le centre moscovite et les régions, ce furent essentiellement les controverses relatives aux nationalités répertoriées comme devant figurer dans les publications des résultats, qui ont dominé les débats. Sur la base d'une observation du déroulement du recensement, l'article conclut qu'au-delà des rivalités ethniques et de la recherche de majorités statistiques, le développement économique et l'avancée du processus d'individualisation ont desserré les nœuds contraignants de l'appartenance ethnique. En plus de l'état des rapports de force, le recensement a montré sur le plan des identités choisies, la force du rapport civique à l'Etat. Après avoir resitué le débat dans le contexte historique régional, cet article s'attache, en partant de l'expérience du Bachkortostan, à éclairer, derrière les instrumentalisations politiques et scientifiques de l'ethnicité, la réalité subjectiviste du rapport des individus à leurs identités.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt
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