, Ce patronage de la fille de Zeus et de M±tiv n'est pas sans incidence sur la portée de ses exploits (voir par exemple Pietro Pucci, The Song of the Sirens cité, pp.208-210

?. , Atride, elles sont méchantes, lâches et vaines face à Hector meurtrier. Mais cela n'empêche pas Achille d'avoir sa propre idée, mortelle pour les troyens (kakà dè fresì mßdeto ?rga? ? : xxi.19), glorieuse pour lui-même

X. Voir-aussi, 26? ? ; xV.278? ? ; xV.712? ? ; xVi.637? ? ; xVii, p.731

L. , Iliade, se rencontre aussi rarement que l'adverbe êpistrofádjn - deux occurrences seulement - et, comme lui, ne s'applique qu'à Diomède au Chant x et à Achille au Chant xxi. Ainsi, au début de la Dolonie, le fils de tydée est armé par thasymède d'un «? ? glaive à deux tran-chants? ? » (fásganon ãmfjkev? ? : x.256? ? ; étymologiquement? ? : «? ? à deux pointes? ? »? ? : cf. Pierre Chantraine, op. cit., s.v, p.43

, 326) et adopte ainsi, en la circonstance, l'arme même employée par Achille au Chant xxi de l'Iliade pour accomplir son exploit êpistrofádjn (fásganon o?on ?xwn??: 19) avant d'égorger Lycaon (?Axileùv dè êrussámenov zífov ôzù | túce? ? : 116-117? ? ; voir aussi zífov ãmfjkev? ? : 118). Cf. Pietro Pucci, Ulysse polutropos cité, p.190

M. Cf, J. Detienne, and . Vernant, , pp.257-258

. Cf and . Vi, 403? ? : ofiov gàr êrúeto ?Ilion ÊEktwr? ?

. Cf and . Xiii, 727? ? : perì d¬ke qeòv polemßia ?rga

. C'est-agamemnon-qui-le-dit?-?-:-cf and . Vii, , pp.109-119

, Diì m±tin âtálantov? ? : Vii.47 et xi.200. sur le personnage d'Hector et ses ambiguïtés, cf. Gregory nagy, op. cit, pp.145-147

, Mais il y a davantage. L'adjectif âmfíguov a une variante, âmfigußeiv, formée pour des raisons métriques 66 , afin de pouvoir figurer au nominatif en fin de vers. De sens comparable au premier, ce second adjectif ne s'applique toutefois qu'à des êtres dont les membres, deux à deux, sont ensemble robustes et tordus. en particulier, dans l'Iliade et l'Odyssée, c'est l'épithète formulaire (i.607??; xiV.239??; etc.) de cet autre dieu qui brille par sa m±tiv, mais une m±tiv d'artisan et d'artiste cette fois? ? : Héphaïstos (cf. polumßtiov ¨Jfaístoio? ? : xxi.355). Le divin Boiteux a les jambes torses, une démarche oblique, un pas tournant, comparable au déplacement tournoyant d'Hermès cherchant à échapper à Apollon 67 . De sorte que la pique «??à deux pointes??», qui arme les guerriers de l'Iliade et symbolise avec l'épée leur valeur, leur bravoure, Du glaive et de la pique, de revers et de taille, ils frappent. en effet, en rendant l'épithète âmfigúoisi par le tour «??de revers et de taille? ? », elle évoque des images qui ne sont pas sans rappeler l'adverbe êpistrofádjn? ? : Ulysse et télémaque abattent un tourbillon de coups sur leurs ennemis

, Iliade, plus que tout autre peut-être, insiste sur son expertise au combat et réfléchit ouvertement au difficile équilibre à trouver entre la force et l'idée, entre bíj et m±tiv, pour le champion qui affronte d'autres preux. il s'agit d'Hector, qui est non seulement «? ? le seul rempart d'ilion? ? » 68 , le champion troyen à qui «? ? le Ciel a donné au plus haut point les oeuvres de guerre? ? » 69 et qui fait peur à tous ses ennemis 70 , mais aussi, à l'instar du seul Ulysse dans le camp Achéen, «? ? en m±tiv l'égal de Zeus? ? » 71 . Au Chant Vii, il apprend de son frère Hélénos, le devin, p.121

. Cf, , p.211

, Ajax est célèbre pour son bouclier, sákov, qui est semblable à une tour (©úte púrgon? ? : Vii.219? ? ; xi.485? ? ; etc.)? ? : on le reconnaît à cette arme (cf. xi.527). sur ce point, voir par exemple David Bouvier, Le sceptre et la lyre, vol.74, pp.275-276, 2002.

, Cf. met' ?Axill±a? ? : Vii.228? ? ; voir aussi xVii, pp.279-280

, C'est la conclusion à laquelle parvient Hector lui-même au terme de leur duel??: êpeí toi d¬ke qeòv mégeqóv te bíjn te kaì pinutßn, vol.288

, Ces vers étaient athétisés par les Alexandrins, à tort, comme l'explique Geoffrey Kirk? ? : The Iliad? ? : A Commentary, vol.II, pp.259-260, 1990.

, De la même manière

. Patrocle and . De-mettre-au-point-la-meilleure-«?-?-idée?-?-»?-?, Achille absent, c'est finalement Ajax qui se présente pour l'affronter. Le fils de télamon est un adversaire à sa taille. «? ? rempart des Achéens? ? » 72 , bouclier vivant 73 , il est le meilleur «? ? après Achille? ? » 74 . Le Ciel lui a octroyé la grandeur, la force et la sagesse 75 . or l'un comme l'autre, quand ils envisagent leur duel, distinguent nettement deux stratégies possibles. Le fils de télamon déclare ainsi à ses compagnons? ? : oû gár tív me bíjÇ ge ëkÑn âékonta díjtai oûdé ti îdreíjÇ , êpeì oûd' êmè nßfldá g' oÀtwv ?lpomai ên Salam?ni genésqai te trafémen te. nul en effet, par la force du moins, à son gré et contre le mien, ne me fera fuir, ni non plus par son savoir? ? : en moi, âll' ãget' aûtoí per frahÉmeqa «? ? le meilleur des Achéens qui soit? ? » (?Axai¬n ºv tiv ãristov??: 50) et le «? ? combattre force contre force dans une lutte acharnée??» (ântíbion maxésasqai ên aîn±Ç djiot±ti? ? : 51), p.76

, Au Chant xV, quand il restera seul pour écarter des nefs achéennes Hector et le feu troyen, il lancera ainsi??: Jm?n d' o? tiv toÕde nóov kaì m±tiv âmeínwn AE aûtosxedíjÇ m?zai xe?ráv te ménov te. Pour nous, il n'est de meilleur dessein ni de meilleure idée que ceci? ?

, Ajax peut affronter ses adversaires au lieu d'être mis en déroute précisément parce qu'il n'est pas dénué de savoir (êpeì oûd' êmè nßfldá ktl.? ? : Vii.197-198) 77 . m±tin ârístjn (xVii.634)? ? ; ?me?v d' aûtoí per frahÉmeqa m±tin ârístjn (xVii.712), Mais cette invective même manifeste que faire le choix de la force relève au départ d'un exercice intellectuel? ? : pour être brave et courageuse, vaillante et vertueuse (cf. âmeínwn)

L. Polemistßv, Au moment de livrer le duel, Hector énonce la même alternative??: A?an diogenèv TelamÉnie koírane la¬n mß tí meu ©Ôte paidòv âfauroÕ peirßtihe ©è gunaikóv, ? oûk o?den polemßfla ?rga. Aûtàr êgÑn eOE o?da máxav t' ândroktasíav te· o?d' êpì deziá, o?d' êp' âristerà nwm±sai b¬n âhaléjn, tó moi ?sti talaúrinon polemíhein· o?da d' êpañzai móqon ÿppwn Ökeiáwn· o?da d' ênì stadíjÇ djñwç mélpesqai ?Arjfl, est une des épithètes formulaires d'Arès (V.289??; xx.78??; etc.) et renvoie à l'endurance du guerrier, pp.266-267

D. Ajax, . Fils-de-télamon, and . Guerrier, Je sais à droite, je sais à gauche mouvoir la peau de boeuf séchée??: voilà ce que j'appelle guerroyer au bouclier 78 . Je sais charger dans la mêlée des chars rapides. Je sais danser, de pied ferme, la danse du cruel Arès. Mais un homme comme toi, je ne veux pas le frapper à la dérobée et en l'épiant, mais ouvertement

, Mais il ne s'agit pas seulement d'expérience ici? ? : le vieux nestor lui aussi est «??expert en guerres??» par exemple (? gérwn? polémwn ê? eîdÉv??: iV.310). Hector, quand il parle d'expertise dans ces vers, n'envisage pas uniquement la meilleure stratégie - la meilleure m±tiv au sens habituel du mot -, mais bien le combat lui-même. nulle mention de la force??: c'est bien le savoir -la science des armes, «??l'art martial??» -qui assure la puissance du combattant dans la mêlée brutale. Hector offre en outre l'image d'une cible mouvante, d'un guerrier qui tournoie, même si le contexte est ici plus défensif qu'offensif??: le fils de Priam sait mouvoir son bouclier à droite comme à gauche (Vii.238). Mieux, Hector est expert en oeuvres de guerre (polemßfla ?rga??: cf. 236)??: l'anaphore du verbe o?da est particulièrement insistante et expressive (236, 237, 238 deux fois, p.121

. Iliade, Vii.241??: «??je sais danser, au corps à corps, la danse du cruel Arès??». robert flacelière traduit de même??: «? ? dans le corps à corps, je sais d'Arès sanglant exécuter la danse??, p.12, 1955.

. Littéralement and ?. Stádiov-signifie-«?-?-qui, , vol.82, pp.1041-4042

, Iliade (310-321) manifeste clairement que les rois de l'épopée, s'ils se battent aux premiers rangs (metà prÉtoisi??: 321), ne seront pas âkleéev

, Voir l'épithète formulaire âgxémaxov? ? : «? ? qui combat de près??», généralement appliquée aux Argiens (xVi.248 et 272??; xVii.165), et sa variante métrique âgximaxjtßv

. Cf and . Supra, dans la bouche même d'Ajax, les vers 509-510 du Chant xV de l'Iliade? ? : ? m?n d' o? tiv toÕde nóov kaì m±tiv âmeínwn | AE aûtosxedíjÇ m?zai xe?ráv te ménov te, p.85

X. Voir-aussi, , pp.436-483

. Sur-le-contraste-entre-ajax-le-rapide and A. Taxùv, le fils d'oilée, petit et vif, et l'autre Ajax, le «? ? grand? ? » (cf. iii.225-229), voir ii, pp.527-530

. Proprement-musical?-?-:-savoir-«?-?-chanter and . Danser??, 79 pour le cruel Arès (o?da [?] djñwç mélpesqai ?Arjfl? ? : 241), c'est être capable de lutter «? ? au corps à corps? ? » (ênì stadíjÇ ), comme traduit Paul Mazon 80, Cette formule, ênì stadíjÇ -pour ên stadíjÇ üsmínjÇ

«. Le, est proprement iliadique? ? : il n'y en a aucune occurrence dans l'Odyssée. elle désigne les circonstances mêmes où se révèle la valeur du «??combattant hors les lignes? ? », du prómaxov (ou prómov), et où se remporte la gloire, le kléov 82 ? ? : une fois descendu de son char qui l'a fait sortir du rang et amené en première ligne, le champion affronte «? ? à pied??», de près 83 , face à face, généralement en combat singulier, les preux du camp adverse. «? ? Ajax ne plierait pas devant Achille même, l'enfonceur de lignes, dans un combat au corps à corps??», déclare ainsi idoménée au Chant xiii (oûd' ån ?Axill±fl Åjzßnori xwrßseien | ?n g' aûtostadíjÇ ? ? : 325) 84 . Le roi crétois lui-même «, vol.81

. Ajax and . Non-seulement-«?-?-le-meilleur-des, Achéens au maniement de l'arc, mais aussi valeureux au corps à corps? ? » (?v ãristov ?Axai¬n | tozosúnjÇ , âgaqòv dè kaì ên stadíjÇ üsmínjÇ ??: 314) 85 . C'est toute la différence avec les Locriens que commande l'autre Ajax, le fils d'oilée 86 . Là où les hommes d'Ajax le fort, le fils de télamon, sont braves (êsqloí? ? : 709) et suivent leur chef en première ligne (?pont(o)? ? : 710)

, 368-400)? ? ; ou, lors de la théomachie au Chant xxi, au face à face entre Artémis et Héra, dans lequel l'arc de la fille de Létô ne fait pas bonne figure (cf. 479-513). L'Odyssée, tout à fait consciente de la mauvaise réputation attachée généralement à cette arme dans l'Iliade (voir encore, au Chant iV, la félonie de Pandare, «??expert à l'arc??», tózwn ê? eîdÑv? ? : 196 et 206? ? ; cf. V.245), insiste sur le fait que l'arc d'Ulysse est l'arme d'un homme fort (cf. bíjv et bíjÇ ? ? : 21.126 et 128? ? ; voir aussi 253-5). elle cherche de la sorte à contrebalancer l'association naturelle de l'arc avec le combat de loin, souvent traître et rusé - oeuvre de m±tiv précisément -, rarement courageux, Privés de casques, de boucliers, de lances (oû gàr ?xon kóruqav xalkßreav ïppodaseíav, | oûd' ?xon âspídav eûkúklouv kaì 87 on peut également songer aux attaques de Diomède contre Pâris et son arc au Chant xi

«. Au-chant-x,-dolon-précisément and &. ?-?-le-rusé?-?-»,-n, est armé que d'une javeline (ôzùn ãkonta? ? : 335) et d'un arc (kampúla tóza? ? : 333), à la différence d'Ulysse, qui a certes un arc (bión? ? : 260), mais aussi une épée (zífov? ? : 261), et de Diomède surtout, qui est armé d'un glaive à deux tranchants

, si tous trois jouent les espions, les deux Achéens sont aussi des preux et sont équipés en conséquence? ? ; mais non le troyen, tout entier voué à la ruse, qui, loin de tenir, ne songe qu'à fuir ses adversaires

, Ce sont les mots d'Hector après son plus bel exploit, sa victoire contre Patrocle??: ?gxefl d' aûtòv | Trwsì filoptolémoisi metaprépw, º sfin âmúnw | ¥mar ânagka?on (xVi, pp.834-835

. Cf and T. Hésiode, ? ; en particulier les vers 65-67 où apparaît justement ce verbe pour décrire le chant des Muses (mélpontai? ? : 66) et bien évidemment le vers 77 dans lequel Melpoménj est nommée. Voir aussi, Le Bouclier, 205-206? ? : qeaì d' êz±rxon âoid±v | MoÕsai Pierídev, ligù melpoménjÇ v êiku?ai, pp.53-79

G. Lexicon, Liddel & scott, oxford, 1843-1968, s.v. mélpw, ii (moyen) mélpomai, p. 1100. DAViD-ArtUr DAix, p.121

, Comme toujours, cet éloge de l'habileté et de l'agilité mises au service de l'exploit guerrier peut devenir raillerie dans un autre contexte. Ainsi, au Chant xVi, Énée s'en prend aux talents de danseur de Mérion qui a dextrement évité sa pique??: Mjriónj táxa kén se kaì ôrxjstßn per êónta | ?gxov êmòn katépause diamperév, p.617

P. Tandis-que, Iliade, critique ses fils survivants, Pâris en tête, que seuls distinguent leurs talents de menteurs et de danseurs précisément??: tà d' êlégxea pánta léleiptai | ceÕstaí t' ôrxjstaí te xoroitupíjÇ sin ãristoi (xxiV, pp.259-262

X. Voir-aussi, , vol.508

C. Choix, que finit par faire Ulysse face au même Ajax quand il l'affronte à la lutte lors des jeux funèbres en l'honneur de Patrocle (xxiii.700-739). incapable de venir à bout de son adversaire par la force brute, il cherche à l'emporter par un tour, une ruse? ? : dólou d' oû lßqet' ?Odusseúv (725). sur cet épisode, la rivalité entre le fils de Laërte et celui de télamon et, plus généralement, l'attitude de l'Iliade vis-à-vis d'Ulysse et de ses prouesses, cf. Pietro Pucci, Ulysse polutropos cité, p.94

, Iliade au dessein de Zeus, le dieu de m±tiv, qui tout ensemble «? ? méditait le malheur??» des deux camps et les terrifiait par une démonstration de sa puissance «? ? en faisant retentir un tonnerre effrayant??»??: pannúxiov dé sfin kakà mßdeto mjtíeta Heùv | smerdaléa ktupéwn, Cette formule, nous l'avons noté, pp.478-479

, La prestation martiale d'Hector au corps à corps est un hymne à la guerre cruelle. Grâce à l'expertise du héros, grâce à sa science, le massacre qu'il fait de ses ennemis devient chorégraphie, «? ? la danse du cruel Arès? ? » 92 . C'est cette habileté toute martiale - cet «??art de la guerre??» - qui donne à Hector le choix, au moment d'affronter son adversaire, entre une attaque à la dérobée, dans laquelle la m±tiv se fait rusée et soumet la force à son dessein 93 , ou bien un assaut de front, franc et honnête, où le savoir, la technique se mettent au service de la vigueur la plus violente. Diomède massacrant les thraces était «, Le vers 241 du Chant Vii de l'Iliade (o?da d' ênì stadíjÇ djñwç mélpesqai ?Arjfl) exprime un paradoxe

, Au finale, peut-être l'emprunt que fait l'Odyssée à l'Iliade du combat êpistrofádjn, de l'exploit achilléen par excellence, ensemble brutal et expert, pour le prêter à Ulysse, n'est-il rien d'autre qu'un dernier clin d'oeil en faveur de son héros? ? : la démonstration éclatante que la force ne peut pas plus se, Achille ravageant les troyens «? ? méditait en son âme des oeuvres funes-tes??» (kakà dè fresì mßdeto ?rga??: xxi.19 94 )

D. Daix,

. École-normale-supérieure,