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Ouvrages Année : 2011

Le Mentir-vrai dans la littérature de guerre

Christophe Luzi

Résumé

The meaning of the latin word "sincerus" is based on the quality usually attributed to an object which is said to be "sine cera". What is "sincere" refers thus to the creation as an artisan sculptor has not covered with wax in order to hide its imperfections. In another sense, no more literal but metaphorical, the problem of creative writing is to determine in the text of a novelist what words, what figures, what style are representative of this "wax" artificial which is able to cover the speech, to misrepresent the first writing draft spontaneously made, sometimes messy and incomprehensible, raw and often shocking indeed, and nevertheless sincere in its testimony. Through the illustration of French novels that refuse to pay the history deposit, like for example La Semaine sainte written by Louis Aragon, La Main coupée from Blaise Cendrars or Les Géorgiques from Claude Simon, everyone can notice the existence of roussauist sincerity, Lionel Trilling would call "the French sincerity" to show this notion is not universal, but stuck on a culture. How can we know when the author and the narrator don't lie, or "say everything" ? What are they hiding to the lectors? Such a concession is the starting point for the study of personal and specific varieties of sincerity in these war writers, amongst many other authors. But it remains to distinguish the authenticity defended by the history of personal sincerity in respect of an event experienced, "the little page of history." Sometimes their versions match together, sometimes they are subject to discrepancies. New questions are placed over the pages, halfway between history and fiction, between History and the singular.
L'étymologie la plus ancienne du mot latin sincerus repose sur la qualité attribuée ordinairement à un objet dont on dit qu'il est sine cera. Ce qui est " sincère " renvoie à la création que l'artisan sculpteur n'a pas couvert de cire afin d'en occulter les imperfections. Au sens non plus littéral mais métaphorique, le problème posé par la création littéraire est de savoir en fait quels mots, quelles figures, quel style représentent dans les récits de guerre cette " cire " artificielle capable de recouvrir le discours, de dénaturer l'écriture spontanée du premier jet, parfois désordonnée et incompréhensible il est vrai, souvent crue ou choquante certes, et néanmoins sincère dans son témoignage. A travers l'illustration d'ouvrages qui refusent de verser dans la caution historique comme La Semaine sainte de Louis Aragon, La Main coupée de Blaise Cendrars ou encore Les Géorgiques de Claude Simon, on peut s'intéresser d'abord à l'existence d'une sincérité rousseauiste que Lionel Trilling qualifie de sincérité à la française pour bien montrer que cette notion n'est pas universelle mais relative à une culture. Dans quelle mesure l'auteur et le narrateur " disent-ils tout " ? Et que cachent-ils au lecteur ? Une telle concession sert de point de départ à l'étude des variétés personnelles et spécifiques de la sincérité chez ces écrivains de la guerre, ainsi que chez d'autres auteurs. Mais il reste à discriminer l'authenticité défendue par l'histoire de la sincérité personnelle à l'égard d'un événement vécu, " la petite page d'Histoire ". Tantôt leurs versions coexistent, tantôt elles font l'objet de discordances insurmontables. Des interrogations nouvelles jaillissent que l'on pose au fil des pages, à mi-chemin entre l'histoire et la fiction, entre l'Histoire et le singulier.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00632812 , version 1 (15-10-2011)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00632812 , version 1

Citer

Christophe Luzi. Le Mentir-vrai dans la littérature de guerre. Colonna, pp.225, 2011, Essais littéraires. ⟨hal-00632812⟩
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