Les gros mots.
Résumé
Le plus souvent critiqués sur la scène sociale, ils figurent pourtant parmi les comportements universellement observés. Qu'ils jurent, insultent, s'exclament de joie ou d'exaspération... tous les locuteurs énoncent ces mots que l'on dit "gros" comme pour mieux les distinguer de la finesse revendiquée du langage policé. Comment expliquer leur production régulière et tenace alors qu'ils exposent à la critique sociale ? Pour esquisser quelques pistes, nous observons d'abord les conditions - non maîtrisées - d'énonciation qui soulignent l'ancrage au corps et le lien à la pulsion qui rendent le gros mot subversif. Nous relevons ensuite les usages socialement acceptables du gros mot, qui devient un effecteur d'intégration, dans certaines circonstances à l'écart de la norme de prestige, dans des groupes où prévalent l'entre-soi et des cultures d'appartenance.