Pôles de compétitivité: les limites d'une gouvernance locale de l'innovation
Résumé
Since July 2005, the French government has implemented an active industrial policy meant to develop competitiveness clusters, in order to support innovative projects and to improve the specialization of the French economy in high-tech activities. This new industrial policy encourages companies, research centers and educational institutions to work together in a given local area. In this article, we show that the scope of this policy suffers from several limits. By focusing only on technological innovations in high tech activities, it underestimates organizational innovations and the role of key institutions (financial system, labor market institutions). Moreover, this policy takes for granted that innovation is a local process, whereas most empirical studies and some of the latest developments in spatial economics show that this process requires interactions between both local and non local actors. Finally, it seems that regional policies should take into account (and to improve) organized proximity rather than geographical proximity in order to sustain the innovation process, knowing that organized proximity is often the result of social, economic and organizational relations that have been built earlier.
Depuis juillet 2005, le gouvernement français a mis en oeuvre une politique active de pôles de compétitivité, avec pour objectif de favoriser l'innovation et de renforcer la spécialisation de l'économie dans les secteurs de haute technologie. Le coeur de cette politique consiste à prôner le rapprochement local des entreprises et des acteurs de la formation et de la recherche. En nous appuyant sur les développements récents de l'analyse économique, nous montrons que cette politique souffre de différentes limites. Elle repose sur une vision restrictive de l'innovation, en occultant l'importance des innovations organisationnelles et de certains domaines institutionnels clés (système financier et institutions du marché du travail). Elle suppose également trop rapidement que le local est l'échelle spatiale pertinente pour l'innovation, alors que l'ensemble des études empiriques convergent pour reconnaître le caractère multiscalaire de ce processus. C'est moins la proximité physique qui compte pour l'innovation que la proximité organisée, cette dernière étant souvent le produit de relations sociales, économiques ou organisationnelles préexistantes.