L. Fabuleux-destin-d-'amélie-poulain and J. Jeunet, 5 min 17 s. La séquence parodie la bataille finale de La Guerre des étoiles des vaisseaux/spermatozoïdes attaquent l'« Etoile Noire »/ovule. Nombre de vaisseaux disparaissent dans ce raid. Seuls trois parviennent au coeur de la cible, l'objectif étant de féconder/détruire, 39 Par (N) Essence, de Yann Francès, 2000.

L. Spermatozoïdes and C. Bbdo, Directeur(s) de la création : Pascal Grégoire, ou 40 secondes. L'ensemble des spermatozoïdes entre dans l'ovule symbolisant le nouveau monde de l'Internet haut débit, selon Wanadoo de France Télécom : un endroit où tout le monde est invité, p.30, 2004.

L. Au and . Leprince, d'après une idée originale de Philippe Carreau, janvier 2005, www.seb-zeb.com (premières images du film)

?. On-enlève, Les infirmières sont choquées, les anesthésistes aussi mais c'est le médecin qui décide, il procède donc à l'ablation de l'organe en question, puis recoud la jeune femme inconsciente, couche par couche, agrafes, points de suture? Une longue et laide cicatrice violine lui barrera le ventre à jamais, p.42

. Pour and . Simon-anne, Tota mulier in utero ? Réorientations de la maïeutique chez les romancières contemporaines », in Voyages intérieurs (actes de la journée d'études organisée le 18 juin 2004 par H. Marchal et A. Simon), publication en ligne, pp.32-43, 2004.

. Au-commencement-il-n-'y-avait-rien, Et ce rien n'était ni vide ni vague : il n'appelait rien d'autre que lui-même. Et Dieu vit que cela était bon. Pour rien au monde il n'eût créé quoi que ce fût. Le rien faisait mieux que lui convenir : il le comblait

. Qu-'on-se-rassure, Comprenons-nous bien. Lorsqu'en ouverture de son roman Amélie Nothomb dit « Dieu », elle signifie tout bonnement petit bébé de quelques mois de sexe féminin qui raconte ici sa vie singulière, à la première personne Cette enfant-déesse est prodigieusement douée aussi bien intellectuellement que physiquement. D'une part, elle raisonne et s'exprime avec la conscience d'une adulte ; d'autre part, en tant que nourrissonne, elle est physiologiquement pure satisfaction végétative ? sa famille l'appellera d'ailleurs un temps « La Plante ». De plus, apprenons-nous très vite, l'histoire se passe au Japon, « pays du Soleil-Levant, [où] de la naissance à l'école maternelle non comprise, on est un dieu. [?] un okosama : une honorable excellence enfantine, un seigneur enfant » (55) Le bébé belge, dont le papa, Patrick Nothomb, se trouve être ambassadeur de Belgique au Japon, est ainsi traité comme une divinité par sa gouvernante, Nishio-san (55). A tel point qu'à l'âge de deux ans et demi, l'enfant s'est choisie japonaise : A deux ans et demi, être japonaise signifiait être l'élue de Nishio-san. A tout instant, si je le lui demandais, elle abandonnait son activité pour me prendre dans ses bras, me dorloter, me chanter des chansons où il était question de chatons, pp.57-58

. Il-y-avait-un-miracle, l'appareil avalait les réalités matérielles qu'il rencontrait et il les transformait en inexistence. Il remplaçait quelque chose par le rien : cette substitution ne pouvait être qu'oeuvre divine. J'avais le souvenir vague d'avoir été Dieu, il n'y avait pas si longtemps

J. Soudain and . Rencontrais-un-frère, Que pouvait-il y avoir de plus divin que cet anéantissement pur et simple ? J'avais beau trouver qu'un Dieu n'a rien à prouver, j'aurais voulu être capable d'accomplir un tel prodige, une tâche aussi métaphysique

L. Mort, le septième, sont les mots-clés de ce récit insidieusement humoristique et faussement lardé d'évidences. Et peut-être n'est-il pas étonnant que l'apparition de ces deux termes suive de près le voisement du nom de Nishiosan , celle qui, à travers ses récits de douleur et de guerre, introduira également Amélie au mot mort, et qui jouera intensément un rôle maternel à l'égard de l'enfant

Q. La and . Nishio, san me parlait, c'était le plus souvent pour me raconter, avec le rire nippon réservé à l'horreur, comment sa soeur avait été écrasée par le train Kobé-Nishionomya lorsqu'elle était enfant. A chaque occurrence de ce récit, sans faillir, les mots de ma gouvernante tuaient la petite fille

!. Mort and . Comme-si-je-ne-savais-pas, Comme si mes deux ans et demi m'en éloignaient, alors qu'ils m'en rapprochaient ! Mort ! Qui mieux que moi savait ? Le sens de ce mot, je venais à peine de le quitter ! Je le connaissais encore mieux que les autres enfants, moi qui l'avais prolongé au-delà des limites humaines. N'avais-je pas vécu deux années de coma, pour autant que l'on puisse vivre le coma ? Qu'avaient-ils donc pensé que je faisais, dans mon berceau, pendant si longtemps, sinon mourir ma vie, mourir le temps, pp.45-46

. Le-médecin-et-attignies-ne-pouvaient-en-détacher-leurs-yeux, [?] cet ouvrier étranger qui allait de nouveau combattre, tenant le poignet du vieux paysan d'Andalousie devant le peuple en fuite, le troublait; il s'efforçait de ne pas les regarder. Et pourtant la part la plus profonde de luimême demeurait liée à ces mains, celle qui reconnaît sous leurs expressions les plus dérisoires la maternité, l'enfance ou la mort (II, p.373

. Parce-qu-'elle-associe, aux mains des éléments aussi fondamentaux qu'inattendus, la description suggère non seulement que le meilleur moyen d'appréhender un être humain est d'examiner ses mains, mais surtout elle postule que l'étude des mains peut révéler tout ce que l'humanité possède d'essentiel

. Éternelle-blessure-qui-revient-de-livre-en-livre, Garine des Conquérants était obligé de conduire son véhicule d'une main, comme un manchot (I, p. 261)? Oui, c'est bien la même blessure qui se répète encore et encore, comme un rappel de notre condition de mortels. Le diagnostic est invariablement le même, banal j'en ai peur, mais banal à force de répétition seulement. Dans Le Temps du mépris, quelques jours d'incarcération auront suffi ? bien peu de chose, en somme ? pour que Kassner ne sente plus ses mains devenues indolores, curieusement désertées par toute sensation cutanée. Étrange maladie que celle-là, dont nul ne se défait. Car le symptôme ne fait qu'annoncer l'irrémédiable. La mort est là, qui guette sa proie. Celle de Perken dans La Voie royale est de ce point de vue exemplaire. C'est par la main que meurent les conquérants : Il l'avait vue plusieurs fois ainsi, depuis quelques jours: libre, séparée de lui, cette fuite vers un monde aussi élémentaire que celui de la forêt, une conscience atroce demeurait: cette main était là, blanche, fascinante, avec ses doigts plus hauts que la paume lourde, ses ongles accrochés aux fils de la culotte comme les araignées suspendues à leurs toiles [?] La mort, p.503

. Chacun-aura-reconnu-là-la-grande-obsession-de-malraux, Malraux parle toujours au plus près de la tombe Mais s'il avoue volontiers être hanté par la mort, ce n'est pas tant le fait de mourir, qui reste épisodique ou accidentel (la petite mort), mais plutôt la Mort au sens métaphysique, et avec elle le mystère de la vie face à la mort. « Tu ne sauras jamais ce que tout cela voulait dire », concède-t-il au début des Antimémoires. On sera peut-être moins surpris, après cela, par la forme que prend le concept du destin chez Malraux. Dans une oeuvre tout entière marquée par la nécessité de se rebeller contre la mort, une oeuvre où l'art est conçu comme un anti-destin, la notion de destin va revêtir chez le romancier de la condition humaine une forme il est vrai inattendue, inouïe même, celle d'une enseigne commerciale, au-dessus de la vitrine d'une boutique. À la fin de Lazare, Malraux se souvient en effet de son retour sur terre et de sa déambulation dans une petite ville algérienne, immédiatement après un voyage aérien pendant lequel le petit avion qui le transportait fut pris dans une tempête, Parmi toutes les boutiques qui s'offrent au regard, une seule retient l'attention de Malraux, celle d'un marchand de gants dont le commerce est signalé sur la façade de la rue par une enseigne: une « énorme enseigne de gantier comme une Main du destin » (III, p.877

L. Mort-semble-plus-proche-que-jamais-dans-lazare, Il se souvient avoir erré la nuit dans sa chambre, à la recherche de ses comprimés. L'épisode est entièrement dominé par le corps Poids mort réclamant sa part, ne se laissant pas réduire à la description qu'en donnerait un regard clinique, le corps semble vouloir s'imposer pour occuper toute la scène : On a laissé dans la salle de bains les comprimés que je dois prendre. Je vais les chercher sans allumer, reviens vers mon lit, très haut comme tous ceux des cliniques. Je tâtonne le long du mur. Plus d'interrupteur. Je m'affaisse dans le brouillard noir, sans douleur, jambes en chiffon, fraîcheur. Tombé sur les dalles ? Le lit devrait être en face, p.836, 1974.

». De-la-terre and . De-la-page, Ce n'est sans doute pas un hasard si ce corps qui pèse, qui est tant attiré vers le bas, est celui d'un occidental Jean-Luc Nancy fait remarquer dans Corpus que si l'Occident chrétien est une chute, comme l'indique son nom, le corps, répugnant ou désastreux, marqué par le péché depuis qu'il est tombé, précipité par le Très-Haut, le corps n'est rien d'autre qu'un poids qui n'en finit pas de basculer dans cette chute 2 . Ce sentiment est très présent dans l'oeuvre de Malraux, et l'on retrouve cette hantise du dans son exil forcé, l'année suivante, se retirant de la scène politique. Mais Malraux meurt aussi d'une autre manière, peut-être plus spectaculaire. Malraux aurait manifesté au moment des émeutes plus d'inquiétude qu'il n'en laisse paraître après coup dans Hôtes de passage. Envisageant à haute voix devant ses collaborateurs la possibilité d'une bataille rangée devant le Louvre et croyant voir soudain l'émeute franchir l'entrée du musée, envahir les Antiques, il se serait exclamé: « Laissons-les entrer jusque-là, toutes ces statues du bas sont peu fragiles, il y a beaucoup de copies, ils peuvent entrer jusque-là. Mais à partir de l'escalier, devant Samothrace, je serai là au milieu des marches. Vous serez tous derrière moi. Nous serons là, les bras étendus? » 7 C'est donc là, à l'entrée du Louvre que meurt imaginairement notre gardien de musée, se voyant expirer comme Bergotte devant une oeuvre d'art. Un scénario à la Proust, si l'on veut, mais dans une mise en scène d'Abel Gance. Pourquoi se contenter du petit pan de mur jaune quand on a à sa disposition les oeuvres de tous les temps et de toutes les cultures? La mise en scène est particulièrement éloquente. Ces bras ouverts, étendus dans l'espace, ne ressemblent pas aux gestes mesurés des oeuvres de la Renaissance, au sujet desquels Malraux pouvait écrire dans L'Irréel qu'ils semblent presque « paralysés » 8 . Il ne s'agit pas non plus du geste de l'orant, cette figure symbolique de l'art chrétien, bras étendus, les paumes des mains tournées en dehors. La manière qu'a Malraux d'occuper l'espace est plutôt le fait de la statuaire antique, En l'absence de repères, seule subsiste la conscience du poids. Le bas vaut comme aimant Avec ses bras amplement écartés, Malraux devient lui-même, en mai 68, une statue grecque ou romaine. Malraux, qui savait, pour avoir consacré une partie de sa vie à la réflexion sur l'art, que l'homme est plus éphémère que ses oeuvres Malraux meurt d'amour aux pieds de ce " monstre parfait " qu'est la Victoire de Samothrace, la sans-bras, 1968.

. Pour and . Michel, une esthétique de l'incarnation », in Voyages intérieurs (actes de la journée d'études organisée le 18 juin 2004 par H. Marchal et A. Simon), publication en ligne, pp.59-65, 2004.