Temps verbal et énonciation. Le futur et le conditionnel en français : l'un est dialogique, l'autre pas (souvent)
Résumé
Les grammaires ont de longue date attiré l'attention sur le parallélisme des emplois du futur et du conditionnel, en appui sur la parenté de leur origine bas-latine. On se propose de reprendre cette question pour effectuer une étude contrastive systématique des emplois de ces deux temps à partir d'occurrences authentiques relevées dans divers genres du discours. On fait travailler l'hypothèse théorique selon laquelle le conditionnel est un temps dialogique en langue, alors que le futur a seulement des emplois dialogiques en discours : - le futur, en tant qu'ultérieur du présent, calcule l'ultériorité du procès qu'il actualise, à partir du locuteur-énonciateur situé à t° : il n'est pas structuré sur un dédoublement énonciatif en langue, même s'il peut mettre en scène ledit dédoublement en discours dans les emplois dits modaux (conjecture, bilan, mitigation, etc...) ; - le conditionnel, en tant qu'ultérieur du passé, pose à partir du locuteur-énonciateur situé à t° un autre énonciateur situé antérieurement, à partir duquel l'ultériorité se construit : il est structuré sur un dédoublement énonciatif en langue.