Les formes nominales d'adresse dans les « Questions orales au Gouvernement » : de la syntaxe aux effets de sens
Résumé
Cette contribution s'interroge sur le rôle des formes nominales d'adresse dans le genre du discours « Questions orales au Gouvernement ». Si leur fonction la plus manifeste est la construction du cadre participatif, et la mise en scène langagière, pour ce qui est des participants, non seulement de leur statut participatif, mais aussi des relations qui les unissent, celle de gestion des tours est tout aussi importante. Au-delà, elles explicitent les formats participatifs, ou les reconfigurent, ou superposent référenciation et qualification de l'interpellé, leur rôle étant alors évaluatif. Elles peuvent enfin avoir une fonction syntaxico-énonciative de médiation et/ou être des marqueurs de cohésion et de continuité énonciative entre un palier métadialogal ou métadiscursif et un palier proprement discursif, quand elles sont en position médiane entre un verbe de locution et son propre discours représenté. Leur usage déborde de la sorte très largement le fait de désigner explicitement son destinataire, ou d'attirer son attention sur un point précis présenté de la sorte comme pertinent. Elles révèlent les tensions qui traversent l'Assemblée, et font partie de l'appareil de déstabilisation du camp adverse. Ce faisant, elles rappellent que le débat, même le plus contraint, n'est pas un exercice institutionnel désincarné.