, 31) Des années après la guerre, [?] il était venu à Paris avec sa femme. Il lui avait téléphoné. C'est moi. Elle l'avait reconnu dès la voix

. Parler-de, comme (20), nous semble s'inscrire dans ce fond d'expérience commune selon lequel le discours, aussi écrit soit-il, aussi impersonnel ou « transpersonnel » soit-il ? le discours de la sagesse, de la doxa, de l'opposition? ? nous paraît non seulement énoncé, mais incorporé. De sorte que sa perception, et plus encore son identification, convoque une image sonore ? fût-elle totalement imaginaire ?, ce que capte le terme de voix : la voix de la sagesse

, Une brève recherche sur Internet permet de relever, sur le site Omarseillais.com le titre suivant : « Paris SG : Paris blessé mais Paris libéré, 2005.

M. Nous-semble-rejoindre-ce-que-dit and . Foucault, Meschonnic du discours, dans d'autres cadres conceptuels : (32) Pourrait-on parler d'énoncé si une voix ne l'avait pas articulé, si une surface n'en portait pas les signes, s'il n'avait pris corps dans un élément sensible et s'il n'avait laissé trace ? ne serait-ce que quelques instants ? dans une mémoire ou dans un espace ? Pourrait-on parler d'un énoncé comme d'une figure idéale et silencieuse ? L'énoncé est toujours donné au travers d'une épaisseur matérielle, p.132, 1969.

, Le discours suppose le sujet, inscrit prosodiquement, rythmiquement dans le langage, son oralité, sa physique, p.74, 1999.

O. De-sorte-que-ce-qui-semblait-pousser, Ducrot implicitement à remplacer voix par point de vue, à savoir la trop grande matérialité du terme, est exactement ce qui nous incite à le retenir : le dialogisme se manifeste notamment comme hétérogénéité discursive, c'est-à-dire comme interaction d'au moins deux discours Cette interaction prend des formes linguistiques extrêmement diverses, mais se manifeste de façon identique, par l'impression que l'énoncé dialogique est habité par une / d'autres voix que celle du locuteur-énonciateur L 1 / E 1 : voix mimée d'un autre locuteur l 1 ; mais aussi, bien plus fréquemment et métaphoriquement, voix attribuée à ce / ces discours avec le(s)quel(s)

, conceptuel ? il n'explique rien ?, on le conservera dans l'analyse pour ce qu'il dit de la façon dont les discours sont appréhendés par les sujets : comme faisant entendre, aussi métaphoriquement cela soit-il, une / plusieurs voix

, Conclusion Notre propos était de questionner la notion de voix dans le champ des études de l'hétérogénéité énonciative : d'abord à sa source, les travaux de Bakhtine

, de voix (golos) et ceux qui lui sont associés sont le lieu d'un bourgeonnement où s'entrecroisent les sens physiologico-corporel, discursif et narratologique : rien d'étrange à cela chez un théoricien pour qui le dialogisme est un principe qui, au-delà des discours, irrigue l'homme tout entier, Il apparaît que dans les textes bakhtiniens le terme

L. , dans le cadre pragmatico-énonciatif, a questionné le terme de voix : pour le remplacer, partiellement (O. Ducrot, L. Perrin) ou totalement (la Scapoline), par celui de point de vue, qui, moins incarné

U. , approche dialogique : nous l'avons entrepris, dans le cadre de l'analyse du discours En critique de la notion de point de vue qui ne nous a semblé opératoire que pour autant qu'on faisait l'économie de la notion de discours, nous avons tâché de montrer la pertinence du terme de voix : pertinence littérale pour le plan locutoire (que ne prend pas en compte l'approche polyphonique), pertinence métaphorique pour le plan énonciatif : parler de voix, fussent-elles celles de locuteurs-énonciateurs désincarnés comme celles de la sagesse ou de la providence

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