Enjeux économiques et sociaux d'une mutation technologique et industrielle : l'adoption du procédé électrolytique par l'usine Vieille montagne de Viviez (1922-1931)
Résumé
In 1922, the Belgian company “Vieille Montagne” decided to realize in its site of Viviez, in the department of Aveyron (1541 workers in 1920 and 67% of the French production of crude zinc), an essential industrial change : the change from the thermal process of zinc production to the electrolytic process. This powerful group (one of the first and of the most important multinational of the continent) wanted to remain leader of its sector. This important investment was made necessary by the economic and social changes due to the war and by serious labour problems appeared before 1914. Thanks to technical advance and research performed since a generation, the unit production of Aveyron had been, as a matter of fact, the first company of the continent in using this modern process, more flexible and cheapest and so more remunerative, choosing a “real chemistry of metals” and manufacture with a higher added value. Considered with detachment, we have to note that impacts on a short, medium and long term of this industrial strategy have been fundamental for the company itself (which became a primordial actor of regional electrification) and important for the local economic development. A such topic, which deals with companies and industrial sectors' history, innovation and gestion's history, social history and with local economic history permits to find the reasons and the consequences of the adaptation of a great company to the technological, geo-economical and social changes in the beginning of the 20th century. It also helps to understand the complexity and the links between all the determinants which, more than an ultimate research for the drop of production costs and the maximisation of profits, incite a great industrial group to make a major investment in a precise place.
En 1922, l'entreprise belge Vieille montagne décidait de réaliser sur son site de Viviez, dans l'Aveyron (1541 salariés en 1920 et 67% de la production française de zinc brut), une mutation industrielle majeure : le passage du procédé thermique de production de zinc au procédé électrolytique. Il s'agissait pour ce puissant groupe (une des premières et des plus importantes multinationales du continent) de rester leader dans son secteur. Cet important investissement était rendu nécessaire par les changements économiques et sociaux nés de la guerre et par de sérieux problèmes de main-d'?uvre apparus avant 1914. Profitant des avancées techniques et des recherches menées depuis une génération, l'unité de production aveyronnaise sera, de fait, la première entreprise du continent à employer ce procédé moderne, plus souple et moins coûteux et donc plus rémunérateur, optant pour une « véritable chimie des métaux » et des fabrications à plus haute valeur ajoutée. Avec le recul, force est de constater que les impacts à court, moyen et long termes de cette stratégie industrielle ont été déterminants pour l'entreprise elle-même (devenue un acteur principal de l'électrification régionale) et importants pour le développement économique local. Un tel sujet, à la croisée de l'histoire des entreprises et des secteurs industriels, de l'histoire de l'innovation et de la gestion, de l'histoire sociale et de l'histoire économique régionale permet de mesurer les raisons et les conséquences de l'adaptation d'une grande entreprise aux bouleversements technologiques, géo-économiques et sociaux du début du XXème siècle. Il aide aussi à comprendre l'enchevêtrement et la complexité des déterminants qui, au-delà de la recherche ultime de la baisse des coûts de production et de la maximisation des profits, pousse un grand groupe industriel à réaliser en un lieu précis un investissement majeur.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)