« La rémunération réelle des fonctionnaires au Dai Nam dans la première moitié du XIXe siècle : un essai d'évaluation »
Résumé
La question du revenu mandarinal n'a jamais été étudiée pour la dynastie des Nguyên. Une simple analyse des salaires nominaux ne peut être satisfaisante. Seule la connaissance de la rémunération réelle des fonctionnaires peut être éclairante pour comprendre, à plusieurs degrés de la hiérarchie, le fonctionnement de cette bureaucratie. Par ailleurs, affirmer que la modicité de la rémunération des mandarins dérivait de la conception confucéenne de la fonction publique, qui ne devait pas être envisagée comme une source de revenu, ne peut que dissimuler la complexité de la question. Le mandarinat ne peut être considéré comme une catégorie homogène comme le montrent les écarts de rémunération internes à la fonction publique et les disparités géographiques de rémunération. Ainsi les écarts de salaire entre un sous- préfet et un gouverneur de province par exemple déterminent une pluralité de motivations et d'approches. L'étude du réinvestissement multiforme des surplus n'est véritablement pertinente que pour la frange supérieure de la fonction publique et une telle analyse est indispensable pour la compréhension des investissements fonciers et symboliques du haut mandarinat sur le plan local. Mais, globalement, la rémunération des sous- préfets restait faible et ceux-ci se
trouvaient d'abord confrontés à des problèmes qui touchaient à leur propre survie : à travers la modicité des salaires de ces fonctionnaires, c'est le fonctionnement d'un échelon essentiel de l'administration - le mandarinat local- qui était en cause.