Arts et ethnies des XVIè et XVIIè siècles en Gold Coast et à Benin City

Jean Polet (1, 2)

1 UP1 - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
2 ArScAn - Archéologies et Sciences de l'Antiquité

Dans les années 1970, sous l'impulsion d e Vansina d 'ab o rd , le petit m onde des historiens d e l'Afrique était en pleine efferv escen ce m éthodologique. Les sources orales g agnent alors le statut d e « vraies » sources e t la m éthode archéologique fait rêver : peut-elle servir l'histoire-la vraie-en contrôlant les informations écrites e t orales? Peut-elle, en particulier, d é p a rta g e r les" multiples récits d e mise en p lac e d e s peuples par migrations, souvent contradictoires, qui pullulent dans les récits d'origine? Mises en p laces d e peuples, portant d é jà les noms des ethnies d'aujourd'hui, apparaissant com m e des entités d éjà constituées... Avec, pour chacun d'entre eux leur culture matérielle propre, différente de celle du voisin. L 'ap p arten an ce ethnique était alors au coe ur d e l'explication des phénom ènes sociaux : les historiens d'art proclam aient (William Fagg, par exemple) : « une ethnie = in style » ; de m êm e, les historiens pensaient q u e les cultures matérielles étaien t différentes d'une ethnie à l'autre. Ces historiens croyaient q u e l'archéologue, auxiliaire d e l'historien, pouvait sans difficulté majeure, identifier, différencier les traces d e ces cultures m atérielles différentes, e t reconstituer ainsi les voies d e peuplem ent, les lieux d e rencontre des peuples. C ette vision fort naïve était fo n d ée sur une conception étriquée des groupes humains repliés sur eux-m êm es e t sur leur groupe ethnique ; elle minimisait, en particulier, le rôle des é c h an g e s e t le com m erce des biens matériels. Mon travail d e terrain se situait alors en Côte-d'Ivoire, près d e la frontière a v e c le Ghana (ancienne G o ld Coasf) e t d e la c ô te du Golfe d e Guinée. Les historiens m e dem andaient évidem m ent d e dénouer-g râ c e à m a m éthode-les contradictions d e l'histoire orale. Avant m êm e d e gratter le sol, la simple lecture d e s récits d e voyages des XVIe e t XVIIe siècles (cf. Père Loyer), antérieurs donc à la mise en ethnie généralisée d e l'Afrique subsaharienne, suffisait à montrer l'absurdité d'une tentative. Ces textes décrivent, en effet, très bien les é ch an g es entre des populations désignées par leur activité (Veterez = pêcheurs) ou par leur lieu d e résidence (issinois = habitants d'Issiny). Pourtant, m a pratique archéologique fut très déterm inée par le c a d re d e l'ethnie-ce qui m 'a permis d 'en sortir ensuite. En revanche, ses fondements, inscrits dans le temps, étaient clairs : il m e fut ensuite impossible d e prendre pour argent com ptant toute dénomination ethnique d 'oe u v re d'art, surtout celle des oe uvres issues d e contextes archéologiques, com m e celles par exem ple.

Domaines: Archéologie et Préhistoire; Art et histoire de l'art; Héritage culturel et muséologie

Jean Polet. Arts et ethnies des XVIè et XVIIè siècles en Gold Coast et à Benin City. Cahier des thèmes transversaux ArScAn, 2001, pp.189-190. ⟨hal-02075244⟩