L'évolution des modes d'occupation du territoire en Djéziré syrienne (VIè-IIè millénaires av. notre ère). Problème d'interprétation des modifications visibles au IIIè millénaire.
Résumé
Évolution des structures et dynam iques sociales L'évolution des modes d'occupation du territoire en Djéziré (Vie-Ile millénaires av. notre ère) Problème d 'interprétation des Ille millénaire Bertille Lyonnet (UMR ArScAn-Orient cunéiforme) Située entre le Tigre e t l'Euphrate, au pied des m ontagnes qui constituent la partie orientale d e l'Anatolie, en position d e clef d e voûte du Croissant fertile, e t p a rse m ée d'une multitude d e sites dont la plupart se trouvent au bord d'oueds intermittents ou sur les rives des deux cours d 'e a u perm anents (le Balikh e t le Khabur), la Djéziré est généralem ent considérée com m e une riche région agricole. C 'est là q u e s'est dév elo p p ée au Vie millénaire la culture d e Halaf, relayée ensuite par celles d'O beid e t d'Uruk du Nord (Ve e t IVe millénaires), puis par la culture Ninivite 5 (10,6 moitié du Ille millénaire), e t enfin par celle d e la céram ique du Khabur (1re moitié du Ile millénaire), pour ne parler que des plus célèbres connues g râ c e aux fouilles d e sites com m e T. Halaf, T. C hagar Bazar, T. Brak, ou T. Leilan. Si c e tte richesse agricole est effectivem ent a tte sté e d e nos jours d ans la partie nord-est, l'isohyète actu el des 250 mm d e pluie passe néanmoins au sud d e la Djéziré et une g ran d e partie d e son territoire. Au sud et à l'ouest, se trouve donc dans ces « marges arides » q u e les précipitations d'hiver e t du printemps transforment en d e vastes prairies mais qui sont à nu dès la mi-Mai. C'est néanmoins dans c e tte zone steppique q u e se trouvent quelques sites spectaculaires d e g ra n d e taille (jusqu'à deux cents hectares), d e form e circulaire et entourés par un anneau à ouvertures multiples, les kranzhügel (par ex. à T. Chuera). Jusque vers les années 1980, p eu d e recherches av aient véritablem ent porté sur le m o d e d'exploitation du territoire : les fouilleurs faisaient des études ponctuelles, creusant leurs tells à la recherche d'architecture, d e sceaux, d e tablettes, ou d'autres indices chronologiques fiables, e t les prospections avaient eu pour but essentiel la découverte d e sites propices à la fouille. C e n'est q u e récem m ent q u e les investigations ont co m m e n cé à s'orienter vers des études plus extensives s'intéressant au m o d e d e production économ ique d e certaines des sociétés retrouvées, d 'u n e part en raison d e fouilles d e sau v etag e d e petits sites très proches les uns des autres le long du moyen Khabur, e t d'au tre part g râ c e à d e nouvelles prospections s'intéressant au paléo-environnem ent e t au peuplem ent sous tousses asp ects. Parmi les résultats les plus intéressants, on notera une constante différenciation entre le sud-ouest e t le nord-est tout au long d e l'holocène, jusqu'à nos jours inclus. Pour les périodes qui nous concernent, la partie sud-ouest aurait longtemps conservé l'usage d e la chasse d'animaux des steppes (gazelles, onagres) jusqu'à l'apparition à grande échelle, au début du Ille millénaire, d e l'élev ag e d'ovi-capridés. Au contraire, l'élevage d'animaux dom estiques (essentiellement ovi-capridés) aurait é té très largem ent majoritaire au nord-est dès le néolithique. L'agriculture est a tte sté e partout, tant au nord-est q u 'a u sud-ouest (là, uniquement en bordure des cours d 'e a u), mais l'utilisation d e plantes d e type steppique est plus nette au sud-ouest. Des sites à occupation d e très courte durée, voire m êm e des c am p em en ts ont é té retrouvés d ans la partie steppique sud-ouest, montrant une faible occupation tem poraire saisonnière entre le Vie e t le d é b u t du IVe millénaire, voire tout à fait épisodique au d é b u t du Ile, tandis q u e les établissements établis le long d es fleuves pérennes, bien q u e souvent d e petites tailles, tém oigneraient d 'u n e occupation p e rm an en te jusqu'au Ille millénaire. Dans la partie nord-est, si une occupation tem poraire des sites n'est p as totalem ent exclue entre le Vie e t le début du Ile millénaires, la p rése n c e en plus grand nom bre d e sites d e g ran d e taille ne va pas dans c e sens. Au cours d e la première moitié du Ille millénaire, l'occupation s'intensifie très nettem ent partout, tant au nord-est qu'au sud-ouest.
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