Pluralisme et concurrence islamique dans l’appropriation d’un espace public religieux. Analyses comparées au Sénégal et au Burkina Faso - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2017

Pluralisme et concurrence islamique dans l’appropriation d’un espace public religieux. Analyses comparées au Sénégal et au Burkina Faso

Fabienne Samson

Résumé

Le concept « espace public religieux », pensé, disséqué, puis reconstruit pendant quatre années au sein du projet collectif PUBLISLAM, couvre une large palette de compréhensions liées aux phénomènes religieux : visibilité du religieux dans la société, occupation de territoires (mosquées, complexes religieux ou zawiyas 1 , etc.), actions sociales et politiques, rapports complexes aux États, militantisme, etc. Son principal avantage tient à ce qu'il permet d'appréhender, concrètement, la manière dont des acteurs religieux cherchent à normaliser un espace public 2 en fonction de leurs critères dogmatiques. Cette approche suppose l'acceptation de quelques paradigmes préalables : l'ère d'une modernité désenchantée (Gauchet 1985) est largement dépassée, et face à la crise du monde moderne, annoncée déjà depuis plus de sept décennies (Guénon 1973), la postmodernité – voire même « l'hypermodernité » (Lipovetsky 2004) – ramène l'individu au coeur des débats et, avec lui, le religieux. Ce dernier est donc de retour. Le monde est « réenchanté » (Berger 2001) et, du côté de l'islam, Dieu a pris sa « revanche » (Kepel 1991). Cela n'est pas nouveau et se caractérise, depuis une vingtaine d'années dans les sociétés ouest-africaines objets de cette étude, par une inscription du religieux (et de l'islam en particulier 3) dans de nombreux domaines sociaux (santé, éducation, médias, environnement, programmes de développement, etc.) et politiques (débats électoraux, codes de la famille, questions juridiques, etc.). Depuis les années 1990, les acteurs musulmans ont pris leur place dans leurs sociétés, ont imposé leur présence dans tous les grands débats, et cherchent (réussissent ?) à dicter leur vision du monde et des comportements sociaux. Nous sommes à l'heure de la « réislamisation » : tels les « born again » évangéliques, les musulmans d'aujourd'hui doivent avoir une véritable connaissance de l'islam, une pratique assidue, une identité religieuse revendiquée et non plus seulement héritée. Le Sénégal et le Burkina Faso sont deux cas intéressants, de par leurs configurations socioreligieuses différentes, mais aussi leur pluralisme islamique commun, pour l'analyse des 1 Lieu d'implantation d'une branche spécifique d'une confrérie islamique. 2 La notion d'espace public est prise au sens large : loin d'être considéré dans sa seule dimension physique (la rue, les institutions publiques, etc.), l'espace public est un espace de débats et de diffusion de normes sociales à travers notamment les médias, les rassemblements, etc. En ce qui concerne le religieux, il se caractérise par les discours des autorités religieuses, destinés à diffuser et à instaurer des normes et règles de vie et de pratique. Il interroge également l'inscription du religieux dans le politique : le rapport à l'État, l'évangélisation ou la réislamisation par le « bas » grâce à une volonté de moralisation de l'environnement social, ou par le « haut » par le biais de partis politico-religieux. 3 Le projet PUBLISLAM portait quasi exclusivement sur les « espaces publics musulmans ».
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

halshs-01504224 , version 1 (20-11-2017)

Identifiants

Citer

Fabienne Samson. Pluralisme et concurrence islamique dans l’appropriation d’un espace public religieux. Analyses comparées au Sénégal et au Burkina Faso. G. Holder et J.P Dozon. Les politiques de l’islam en Afrique. Mémoires, réveils et populismes islamiques, Karthala, 2017. ⟨halshs-01504224⟩
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