Quelles traditions pour le livre d'artiste surréaliste ? - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Mélusine Année : 2012

Quelles traditions pour le livre d'artiste surréaliste ?

Résumé

Le livre d'artiste apparaît à la fin du XIXe siècle. Héritier des expérimentations de Nodier et de Johannot (Histoire du roi de Bohème et de ses sept châteaux) ou de Gide et Maurice Denis (Le Voyage d'Urien), de l'intégration grandissante de l'image dans le livre et les périodiques (culminant dans des revues comme L'Estampe originale ou L'Image), des entreprises bibliophiliques des symbolistes (Gourmont et Jarry au sein du Mercure de France), d'une tradition d'ornementation (et non d'illustration) par la gravure, il bénéficie également de l'attrait nouveau pour la gravure originale, produite par des artistes -- seul débouché pour l'estampe, la gravure de reproduction disparaissant devant l'emprise croissante de la reproduction photomécanique. Le livre d'artiste n'a cependant rien d'une origine purement artistique. Les auteurs et les artistes qui le pratiquent le voit comme une réponse à l'industrialisation des métiers de la librairie et la transformation du livre en simple produit de plus dans la société marchande ; un livre d'art, tiré à peu d'exemplaires, singularisés par leur numérotation, leurs papiers, leurs imperfections, retrouverait l'aura de l'œuvre originale. Mais les éditeurs et imprimeurs se lancent dans ces entreprises coûteuses parce que cette rareté en fait des produits de luxe -- on ne sort pas d'une logique marchande. Symétriquement, la logique du signe développée dans ces ouvrages ressort d'une logique capitaliste : le symbole, central dans l'esthétique fin-de-siècle et précurseur du signe surréaliste, partage de nombreuses caractéristiques avec l'idole qu'est la marchandise : ouvert, objet de suggestion, de fascination, synthétique et simplifié ; le rôle de Toulouse-Lautrec, Bonnard et d'autres dans l'affiche publicitaire n'a rien d'étonnant. Comment le livre d'art surréaliste se positionne-t-il par rapport à ces questions ? Échappe-t-il au règne de la marchandise (on peut en douter quand on considère les statuts de revendeurs d'art de Breton et d'autres) ? Quels modèles reprend-il au siècle passé, et en propose-t-il de nouveaux ? L'image surréaliste littéraire et l'image plastique partagent-elles des caractéristiques ? Quels procédés de reproduction sont choisis, et pourquoi ? Est-ce dans ces livres-objets que s'est produit une révolution du livre, ou reste-t-on dans des pratiques anciennes ? Qu'on pense à Nadja : la description par la photographie n'est pas chose neuve à l'époque, et les romans illustrés par la photographie de la Belle Époque n'ont rien à envier en terme de créativité à Breton (voir Willy, Collette et Polaire...). On fera l'hypothèse que c'est de la paralittérature et des productions industrielles (publicité, cinéma, presse...) que vient l'exemple, et que le génie des littérateurs et artistes surréalistes aura été de donner une caution " sérieuse " à des inventions populaires.

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Citer

Julien Schuh. Quelles traditions pour le livre d'artiste surréaliste ?. Mélusine, 2012, 32, pp.43-60. ⟨hal-00983978⟩
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