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Article Dans Une Revue Travaux du Comité français d'Histoire de la Géologie Année : 2001

Histoire des éclogites et de leur interprétation géodynamique

Résumé

Haüy coined the term " eclogite ", meaning " chosen rock ", in 1822, but de Saussurehad already observed rocks of this type in the Alps four decades earlier. Through out the 19th century, the origin of eclogite remained an enigma. It was thought to be either an igneous rock of gabbroic composition or a metamorphosed gabbro. This second hypothesis became preferred when progressive transitions were observed between gabbros and eclogites. In 1903, simply by comparing the molar volumes of gabbroicand eclogite parageneses, Becke inferred that eclogite was the high-pressure equivalent of gabbro. In 1920, eclogite was involved in the conception of the metamorphic facies by Eskola. However, a few researchers denied the existence of aneclogite facies, and claimed that high stress instead of high lithostatic pressure could generate eclogites. In the 1960s, consideration of the water pressure parameter also favoured the belief that eclogite was simply the anhydrous equivalent of amphibolite.Finally, eclogite was definitely considered as a high-pressure metamorphic rockfollowing the development of experimental petrology and the application of thermodynamics. Eclogites have been involved in several geodynamic theories. Around 1900, kimberlite studies favoured the idea that eclogite might be abundant in the interior of the Earth. In1912, Fermor predicted the existence of a dense eclogite-bearing zone in the mantle.This " eclogite layer " hypothesis was still envisaged as late as 1970. The alternative "peridotite " hypothesis became preferred when experimental investigations demonstrated that the gabbro-to-eclogite transition could not coincide with a sharp Mohorovi?i? discontinuity. Before plate tectonics, high-pressure belts were interpreted as remnants of ophiolite-bearing geosynclines, metamorphosed by loading during thrust faulting. After the acceptance of plate tectonics, around 1970, the same high-pressure Alpine-type belts came to be considered as former oceanic crust,transformed into eclogite within subduction zones, and subsequently incorporated into mountain belts. Surprisingly, formation of eclogite in " subsidence " zones (i.e.subduction zones) had already been envisaged as early as 1931 by Holmes, the inventor of a convection-current theory. In the 1980s, many authors tried to apply themodel of Alpine-type high-pressure belts to eclogites enclosed within the gneisses of ancient orogens, but the question remains obscure nowadays. Some of these eclogite-facies rocks have been a matter of considerable interest during the last two decades,after the discovery, of coesite and diamond in them. Currently, the debate is focused on the geodynamic mechanisms responsible for the exhumation of such ultra-deep crustal rocks.
En 1822, Haüy créa le nom " éclogite ", mais de Saussure avait déjà observé cette roche dans les Alpes quatre décennies auparavant. Cette " roche de choix " suscita l'intérêt de nombreux pétrographes européens, en particulier allemands et scandinaves. En France, elle fut particulièrement étudiée par Auguste Rivière, Alfred Lacroix et Yvonne Brière. Son origine demeura cependant longtemps énigmatique,considérée tout à tour comme magmatique ou métamorphique. L'hypothèse d'un métamorphisme de roches gabbroïques s'imposa lorsqu'on observa des transitions entre des gabbros non métamorphisés et certaines éclogites. En 1903, en comparant la densité des paragenèses éclogitiques et gabbroïques, Friedrich Becke montra que les éclogites sont l'équivalent de haute pression des gabbros. Vers 1920, Eskola introduisit l'importante notion de faciès métamorphique, qui comporte, entre autres, un faciès éclogite caractérisé par une formation à haute pression. Toutefois, quelques chercheurs nièrent la nécessité de hautes pressions pour former les éclogites. Dans les années 1960, de nouvelles considérations sur la pression d'eau favorisèrent l'idée selon laquelle les éclogites n'étaient qu'un équivalent anhydre des amphibolites.Finalement, le développement de la pétrologie expérimentale et l'application de la thermodynamique démontrèrent que les éclogites sont des roches métamorphiques de haute pression, formées à grande profondeur. Parallèlement, ces roches furent impliquées dans diverses hypothèses géodynamiques. Vers 1900, l'étude des kimberlites favorisa la croyance en une abondance d'éclogite à l'intérieur de la Terre. En 1912, Fermor prédit l'existence d'une couche éclogitique dense dans le manteau. Cette hypothèse fut envisagée jusque vers1970, époque à laquelle l'alternative d'un manteau péridotitique s'imposa, après que les expériences sur la transition gabbro-éclogite aient démontré que celle-ci ne pouvait coïncider avec la discontinuité de Mohorovicic. Par ailleurs, les ceintures métamorphiques de haute pression, à éclogites et glaucophanites, caractéristiques des chaînes alpines, étaient considérées comme des reliques d'ophiolites, épanchées au fond de géosynclinaux, puis métamorphisées par la surcharge liée à l'empilement des nappes. Après l'acceptation de la tectonique des plaques, vers 1970, on admit que ces mêmes ceintures de haute pression étaient de la croûte océanique, transformée en éclogite dans des zones de subduction, puis intégrée aux chaînes de montagne.Curieusement, la formation d'éclogite dans des zones de " subsidence " (c'est-à-dire de subduction) avait été envisagée dès 1931 par Holmes, qui avait conçu une théorie de courants de convection dans le manteau. Au cours des années 1980, de nombreux auteurs tentèrent d'appliquer le modèle des ceintures alpines de haute pression aux éclogites incluses dans les terrains gneissiques des orogènes anciens, mais l'origine de ces dernières demeure encore confuse de nos jours. Lors des deux dernières décennies, certaines de ces roches furent au coeur du débat sur le métamorphisme d'ultra-haute pression. La découverte, en 1984, de coesite dans ces roches crustalesa propulsé les pressions maximales du faciès éclogite à quelque 40 kbar,correspondant à des profondeurs de formation de plus de 100 km.
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Dates et versions

hal-00919979 , version 1 (17-12-2013)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00919979 , version 1

Citer

Gaston Godard. Histoire des éclogites et de leur interprétation géodynamique. Travaux du Comité français d'Histoire de la Géologie, 2001, 3ème série (tome 15), pp.51-76. ⟨hal-00919979⟩
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