Monde flou ?
Résumé
Le titre de cet essai prête au même malentendu que celui de son aîné, L'Homme pluriel (Lahire, 1999). Certains lecteurs ayant pris celui-ci pour une apologie du pluralisme, l'auteur avait été forcé de reconnaitre que ce n'était " pas un très bon titre " (Duvoux, 2009). Mettant cette fois le monde au pluriel, Bernard Lahire reprend apparemment le risque de l'équivoque en connaissance de cause. Si, dans ce nouvel essai, il n'est toujours pas question de pluralisme, que signifie alors le pluriel du titre ? Que le monde est observable grâce à des focales variables ; qu'il n'est pas multiple et discontinu, mais flou. Différents angles de champ font voir différentes choses, selon le degré de précision attendu. Tous ces angles ont cependant, pour l'auteur, une égale dignité scientifique. Le " géométral de toutes les perspectives " ne pouvant plus être " l'idée régulatrice de la recherche " qu'il a été naguère, il nous faut un nouveau principe fédérateur, afin de conduire les sciences sociales à l'unité. Pour que les sociologues continuent de faire œuvre commune, Bernard Lahire leur propose de tendre à " l'équilibre " entre la variété des focales qu'ils emploient et les propriétés des êtres humains qu'ils surprennent dans leur objectif. Bernard Lahire pense avoir atteint, lui-même, ce point d'équilibre. On peut se demander si c'est le cas et dans le cas contraire, si l'auteur a au moins eu raison de poser le problème dans ces termes. Je répondrai non à la première question, mais oui à la seconde, bien que ce soit pour d'autres raisons que l'auteur.
Domaines
Sociologie
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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