La pratiques des mutilations génitales féminines à Djibouti : "une affaire de femmes" entre les mains des hommes.
Résumé
Les mutilations génitales féminines (MGF) à Djibouti sont communément considérées comme une " affaire de femmes ". C'est non seulement la pratique des MGF qui est ainsi reléguée dans la sphère féminine mais également la lutte contre cette pratique. Si cette assertion n'est pas infondée, elle cultive néanmoins l'illusion d'un pouvoir donné aux femmes et suggère l'absence des hommes. Or, si l'implication des femmes dans la lutte contre les MGF paraît légitime au regard de la cause - elles en sont les premières victimes - l'absence des hommes dans le contexte particulier de Djibouti - société patriarcale dominée par les hommes - elle, interroge. Pourquoi les hommes ne s'impliquent-ils pas sur la scène des MGF ? Cet article a pour ambition de déconstruire cette soi-disante " affaire de femmes ". Nous tâcherons, à l'aune des résultats d'un enquête anthropologique, d'explorer les mécanismes sous-jacents constitutifs de cette assertion, d'interroger l'absence apparente des hommes de façon à faire émerger ce qui se joue à travers elle. Nous verrons ainsi comment les hommes, en se rendant invisibles sur la scène des MGF, parviennent à conforter les inégalités de sexe.