Gérer en hyperinflation
Résumé
D'où vient l'inflation? De la voracité des intermédiaires, de la pression des salariés, des rattrapages des industriels? Chacun la considère comme une donnée extérieure, et corrige ses prévisions en conséquence: «l'inflation, c'est les autres». Mais quand sévit l'hyperinflation, il faut revoir complètement la gestion, sous peine d'être balayé par la course des chiffres. En Argentine (174 % d'inflation en 1987, 121 % au premier semestre 1988), l'heure de l'hypergestionnaire a sonné. Lorsque l'inflation frôle 30 % par mois, les gestionnaires sont confrontés à deux types de problèmes : connaître leur situation, car toute mesure devient aléatoire, et envisager une stratégie, car la planification n'est plus envisageable qu'à très court terme. Tous les acteurs cherchent à s'en sortir en échafaudant des palliatifs pour se maintenir à flot : c'est le triomphe des logiques locales. Beaucoup d'agents économiques ont donc l'impression de s'en tirer à bon compte (à court terme du moins). mais les conséquences globales de ces comportements élémentaires deviennent incontrôlables. Treize ans d'hyperinflation ont ancré un nouveau système et miné la crédibilité des instances financières de l'Etat: à l'arrivée, nulle politique ne semble plus capable de maîtriser les dérives macro-économiques. Le problème essentiel étant celui de l'assemblage des logiques locales, examinons les manières par lesquelles un certain nombre d'agents économiques, privés ou publics. tentent de s'accommoder de l'hyperinflation.
Origine : Accord explicite pour ce dépôt