Groupes sociaux, espace, temps : échos d’un dialogue entre un anthropologue (Philippe Dujardin) et un physicien (Bernard Guy) - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2009

Groupes sociaux, espace, temps : échos d’un dialogue entre un anthropologue (Philippe Dujardin) et un physicien (Bernard Guy)

Résumé

We propose here very general definitions of space and time. They are not substances of nature to discover, but relations to express, opposing the stable to the unstable. All disciplines are entitled to do so, and our study is based on a dialog between an anthropologist (Ph. Dujardin) and a physicist (the author). We show the similarity of approaches: - when the anthropologist defines social groups having some permanence, by considering human behaviours seen as similar, as opposed to other behaviours whose variability has no meaning to him; and - when the physicist defines space, relying on systems of material points whose relative motions are negligible (solids), as opposed to mobile points that serve him to define time (for example, the sun in its apparent movement around the earth, or the light photon in the atomic clock). The study of the division within the world between the stable and the unstable, the stationary and the volatile, reveals fundamental invariants. (1) Invariants of the a priori conditions of the group or solid construction. We call them: - cutting operation (decision of a boundary between the stable and the unstable), - existence of a void (pointing out the vacuum, the empty stage, or the free field, where movements or behaviours show), - declaration of an archetype (giving an absolute character to a universal principle –call it a hyperbole- inevitable to begin to think: e.g. human rights - of general application - or the speed of light - universal constant-); - relation of equivalence (between points, or humans, linked together in a stable manner within a solid or a group...). (2) Invariants in the properties of our discourse on the world: incompleteness, presence of uncertainty, of recursiveness, of contradictions, that must be connected to the choices made for the invariants of the first kind. This approach allows one to discuss in a new perspective the disharmony between the categories of time imposed by grammar (division past / present / future) and our daily experience; as a consequence, the distinction between the fields covered by politics or by history is not founded on their relations to present, but on the designation of what is stable and what is volatile. This approach also allows to connect the time, or the times, of humanities to that of physics. On the one hand, time is multiple, as relations between entities in the world are multiple, but, on the other hand, we must choose a unique "synchronized" time as the basis for communication. This time is particular only because of the agreement that it permits to build. Grammar categories relate to the time/space duality (say to space-time) and not to the sole synchronized time that remains an index external to the things. More generally, this approach provides a tool for comparing the functioning of various cultures and social groups; it must be tested in the future.
Nous proposons ici des définitions très générales de l’espace et du temps. Ce ne sont pas des substances de la nature à découvrir, ce sont des relations à exprimer, opposant le stable au fluctuant. Toutes les disciplines sont également habilitées à le faire, et la présente étude s’appuie sur le dialogue entre un anthropologue (Ph. Dujardin) et un physicien (l’auteur). Nous montrons la similitude de démarches : - lorsque l’anthropologue définit des groupes sociaux ayant une certaine permanence ou stabilité, à partir de comportements humains vus comme semblables, par opposition à d’autres dont la variabilité lui paraît non signifiante ; ou - lorsque le physicien définit l’espace, en s’appuyant sur des systèmes de points matériels aux mouvements relatifs supposés négligeables (ou solides), par opposition aux entités mobiles qui lui servent pour définir le temps (par exemple le soleil dans son mouvement apparent autour de la terre, ou la lumière dans l’horloge atomique). L’étude du partage dans le monde entre le stable et le fluctuant, l’immobile et le mobile, fait apparaître des invariants fondamentaux. 1) Invariants des conditions a priori de la construction des groupes ou solides. Nous les appelons : - opération de découpe (décision d’une frontière entre le stable et le fluctuant), - ellipse (ou désignation du vide, de la scène vide ou du champ libre où s’expriment les mouvements ou les comportements), - mise en hyperbole (mise en absolu ou hyperbole d’un principe universel inévitable pour commencer à penser : par exemple les droits de l’homme –d’application générale-, ou la vitesse de la lumière -constante universelle-), - relation d’équivalence (entre les points ou hommes liés entre eux de façon stable dans un solide ou un groupe…). 2) Invariants des propriétés de notre discours sur le monde ainsi constitué : incomplétude, présence d’incertitude, de récursivité, de contradictions…, à relier aux divers choix faits selon les entrées précédentes. Cette approche permet de discuter de façon nouvelle le mauvais accord entre les catégories du temps imposées par la grammaire (division passé / présent / futur) et l’expérience quotidienne ou le fonctionnement de nos représentations ; ainsi la distinction des champs concernés par la politique ou l’histoire est fondée non sur leurs rapports au présent mais sur la désignation de ce qui est stable et de ce qui est fluctuant. Cette approche permet aussi de relier le, ou les, temps des humanités à celui de la physique. D’un côté, le temps est multiple comme les relations entre les entités du monde sont multiples, mais, d’un autre côté, nous devons choisir un temps unique « synchronisé » comme base de communication. Celui-ci n’a de particulier que l’accord qui le construit. Les catégories de la grammaire concernent la dualité temps/espace (ou encore l’espace-temps) et non le seul temps synchronisé qui reste un repère extérieur aux choses. Plus généralement, cette approche fournit une grille de lecture à tester dans l’avenir pour comparer les fonctionnements de diverses cultures et groupes sociaux.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-00468407 , version 1 (30-03-2010)
hal-00468407 , version 2 (22-02-2022)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00468407 , version 2

Citer

Bernard Guy. Groupes sociaux, espace, temps : échos d’un dialogue entre un anthropologue (Philippe Dujardin) et un physicien (Bernard Guy). 2009. ⟨hal-00468407v2⟩
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