Comparaison et expression du haut degré dans le groupe nominal

Pierre-André Buvet (1) , Gaston Gross (1)

1 LDI - Lexiques, Dictionnaires, Informatique

Les compléments du nom du type de loup dans Luc a une faim de loup sont comparables à des séquences du type comme une image dans Luc est sage comme une image car ils permettent également d'exprimer le haut degré par association d'une propriété et d'un terme pris comme le parangon ou le stéréotype de cette propriété. Nous présentons les résultats de l'analyse de 400 suites DET N de N du type une faim de la loup. Dans un premier temps, nous discutons du caractère partiellement figée des suites étudiées : nous montrons que seul le complément du nom est dans la portée de figement en faisant état de son caractère facultatif et de son comportement atypique, d'un point de vue transformationnel. Dans un deuxième temps, nous discutons de la valeur intensive des compléments du nom : nous examinons les séquences de N dont la signification est l'intensité forte (d'Hercule dans Luc a une force d'Hercule) puis celles dont la signification est l'intensité faible (Luc a un appétit d'oiseau). Nous montrons qu'elles impliquent toutes que les noms déterminés ont un caractère prédicatif. Dans un troisième temps, nous constatons que les suites à génitifs intensifs sont une source potentielle de créations lexicales. Nous distinguons les suites du type une patience d'ange dans Luc a une patience d'ange et celles du type une santé de fer dans Luc a une santé de fer. Les suites du premier type sont telles que la relation entre les deux substantifs ne déroge pas aux règles distributionnelles (i.e. le nom déterminatif est un argument potentiel du nom déterminé) et que l'adjonction du complément du nom est pertinente pour caractériser la propriété dénotée par le substantif-tête d'une façon hyperbolique. Dans les suites du second type, l'indication d'une intensité s'exprime différemment car le deuxième substantif ne figure jamais dans le domaine d'arguments du premier. L'association des deux substantifs fonctionne à partir d'un trope (une synecdoque particularisante dans la suite une santé de fer). Nous constatons ensuite que ce sont les suites du premier type qui constituent un modèle productif.

Mots clés: détermination; comparaison; syntaxe et sémantique

Domaines: Linguistique

Pierre-André Buvet, Gaston Gross. Comparaison et expression du haut degré dans le groupe nominal. Faits de langues, 1995, 5, pp.83-88. ⟨hal-00450592⟩