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Communication Dans Un Congrès Année : 2008

Histoire, mémoire, école: l'enseignement des questions sensibles face au spectre d'une société éclatée dans la France des années 1980 à aujourd'hui

Résumé

Auditionné par la mission parlementaire d'information sur les questions mémorielles le ministre de l'éducation, Xavier Darcos, s'est demandé si le Parlement ne pouvait pas prescrire « ce qui doit être enseigné » aux élèves dans des matières sensibles comme l'histoire. « Est-ce qu'il ne faudrait pas qu'une bonne fois pour toutes, ce que nous considérons comme devant être enseigné aux élèves soit prescrit par la représentation nationale ? », a-t-il ainsi affirmé. Et de conclure, « évidemment, on ne peut pas rentrer dans tous les détails. Mais on aurait au moins des grands sujets qui seraient reconnus une bonne fois pour toutes ». Trois jours plus tard devant la polémique, il faisait volte-face. A Jean-Pierre Azéma qui condamnait « sans appel cette nouvelle tentative de vouloir imposer ce qui doit être enseigné en histoire », le ministre a rappelé que cet enseignement est « une affaire qui concerne les historiens et les professeurs d'histoire » et qu'il ne doit y avoir « aucune ingérence dans la pédagogie de l'histoire venue du politique ». Il s'agira ici de s'interroger sur les rapports entre histoire, loi et mémoire. Peut-on ainsi partir du constat de l'évidence des lois mémorielles, initié par la loi Gayssot, dans le combat contre les « faussaires de l'Histoire », (cf. discours de Chirac du Vel d'Hiv) pour aboutir à la dénonciation d'une histoire officielle ? Du discours essentiel du président de la République Jacques Chirac sur le Vel d'Hiv à l'affaire Pétré-Grenouilleau, sommes-nous aujourd'hui limités à une communautarisation de l'histoire ? Il est vrai le prisme de l'émotion et l'exclusivité de la commémoration semblent l'emporter, en témoigne l'instrumentalisation de la lettre de Guy Môquet. Plus encore, à l'heure du remodelage des programmes et des interrogations sur la formation des futurs enseignants, se pose la question l'enseignement de l'Histoire, de sa place, de ses contenus comme de sa finalité. L'histoire qui a participé au moins depuis le XIXe siècle à la construction de la nation et au pacte républicain serait-elle menacée par ce que d'aucuns ont appelé la fragmentation de la société française ? Enseignement du fait religieux, analyse de phénomènes contemporains seraient ainsi devenus des sujets sensibles pour l'enseignant d'histoire dans une société qui remettrait en cause les principes républicains tels qu'ils avaient été élaborés après 1789 et qui douterait de la légitimité du modèle historique français pour expliquer les difficultés d'intégration d'une partie de la population issue de la colonisation. L'exemple de l'enseignement de la Shoah permettra peut-être d'y répondre. Cet enseignement qui a trouvé une place assez récente dans les programmes et a suscité des approches pédagogiques nouvelles souvent mises en œuvre par les IUFM suscite néanmoins des interrogations des historiens comme il met en exergue les fractures de notre société et leur implication dans l'enseignement de l'histoire à l'école.

Mots clés

Domaines

Histoire
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Dates et versions

hal-00444006 , version 1 (05-01-2010)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00444006 , version 1

Citer

Jerome Bocquet. Histoire, mémoire, école: l'enseignement des questions sensibles face au spectre d'une société éclatée dans la France des années 1980 à aujourd'hui. « L'éducation en milieu multiculturel : Grèce, Europe, Méditerranée », Nov 2008, Rhodes, Grèce. ⟨hal-00444006⟩
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