« Du demonstrare au uincere. L'enthymème tragique entre logique et rhétorique »
Résumé
Après avoir défini l'enthymème comme « syllogisme rhétorique », nous étudions ses liens avec les deux faisceaux de sens du verbe demonstrare. Non seulement l'enthymème fait voir une réalité, mais encore il participe d'un raisonnement par déduction, comme le syllogisme. L'enthymème étant à la fois une forme (comme raisonnement syllogistique) et un moyen de démonstration (comme « preuve technique »), nous considérons la γνώμη partie d'enthymème et la γνώμη enthymématique en comparant leurs procédés et leur efficacité persuasive respectifs. Mise en forme d'un argument déductif, l'enthymème repose sur l'implicite. Ses prémisses, formées par des γνώμαι, ne sont pas toutes exprimées, et c'est grâce à cette ellipse qu'il est efficace, c'est-à-dire qu'il persuade. L'enthymème met également en œuvre des composantes affectives (èthos et pathos) de façon plus ou moins réussie. A l'économie de moyens et aux ressorts du pathétique s'ajoute la densité formelle qui donne à une proposition circonscrite l'évidence d'une vérité générale. Arme argumentative, l'enthymème fait passer d'une apparente logique (demonstrare) à une rhétorique triomphante (uincere).
Domaines
Etudes classiques
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)