Christian Cruciform Symbols and Magical <I>Charaktères</I> - Archive ouverte HAL Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2005

Christian Cruciform Symbols and Magical Charaktères

Résumé

Abstract

At the turn of the second and third centuries AD, an increasing number of graphic signs and diagrams are used in several religious and / or philosophical trends. Signs are commonly found on phylacteries and defixiones. Magical, philosophical and patristic texts often call them charaktères (χαρακτῆρες), a denomination adopted by archaeologists and philologists. The charaktères may be more or less abstract (“aniconic” or “para-iconic”). They are also integrated in or associated with larger figures or tables (diagrams = schèmata). These diagrams are more or less closely connected with the schemata used in several mathèmata, especially those of the quadriuium (arithmetic, geometry, music, astronomy). The Christian cruciform signs take part in this intense circulation of graphic signifiers. Like charaktères, they are regarded as being performative and share a number of meanings with them. This is particularly relevant if we take a look at the communication policy conducted by the advisers of emperor Constantine I in the early fourth century AD.

Résumé

Au IVe siècle, les faveurs impériales dont a bénéficié le culte chrétien se sont accompagnées d'une floraison tout à fait remarquable de symboles cruciformes (staurogramme, christogramme, croix et symboles apparentés). Face à la surenchère de l'historiographie chrétienne antique, il est difficile de définir le rôle exact joué par Constantin et son entourage dans la formation de la légende du « caeleste signum Dei » (Lactance) que l'empereur prétendait avoir vu en songe la veille de sa victoire sur Maxence. Sur quels usages et quelles représentations s'est fondée cette légende qu'Eusèbe a lui aussi enrichie à la fin du règne de Constantin et qui inaugure l'entrée progressive des symboles chrétiens dans le domaine des représentations publiques ?

Les symboles chrétiens figurés sur des supports pré-constantiniens sont très rares. Un fait massif est cependant bien attesté : dès la fin du IIe siècle, la croix était couramment reproduite sous forme de geste. Cette signation cruciforme, tracée sur une ou plusieurs partie(s) du corps, avec des doigts tantôt secs, tantôt imbibés de salive ou d'huile, venait prolonger (ou cohabiter avec) des pratiques analogues très répandues dans le monde païen et profane (touchers et onctions thérapeutiques, prophylactiques et magiques). Selon toute vraisemblance, c'est dans la sphère privée, comme un geste prophylactique parmi d'autres, qu'est d'abord apparue la signation cruciforme chrétienne. Ce n'est qu'après avoir été adaptée et normalisée par le clergé qu'elle a fini par intégrer le rite baptismal.

Le succès remporté par d'autres signes chrétiens au graphisme et à la signification plus obscurs comme le staurogramme et le christogramme peut s'expliquer par l'étroite parenté formelle et fonctionnelle que ces signes entretenaient avec les charaktères (petits graphismes aniconiques et paralphabétiques) que l'on inscrivait sur les phylactères et auxquels on attribuait, comme au signe de Constantin, une efficacité magique. Vers 230, tout chrétien (éclectique) qu'il est, Julius Africanus n'a aucun scrupule à reproduire dans un de ses ouvrages plusieurs charaktères et à expliquer comment les agencer pour confectionner des phylactères utiles aux hommes et aux bêtes. C'est l'époque où les charaktères et la magie en général retiennent l'attention de philosophes qui se veulent aussi théurges. Dans ces milieux, on considère les charaktères comme les figures intelligibles de dieux ou d'âmes héroïques et sages. L'aniconisme de ces figures les rend plus aptes que d'autres à représenter l'invisible. En les mettant correctement en œuvre, le théurge est censé pouvoir provoquer l'épiphanie des puissances et s'assurer leur concours. Porphyre de Tyr (ap. Proclus) affirme que chez les Égyptiens la figure du X encerclé constitue rien moins que le charaktèr de l'Âme du Monde. Ces spéculations rejoignent celles des apologistes chrétiens qui comparaient dès le milieu du IIe siècle la croix à l'Âme du Monde en forme de X. De là à considérer le christogramme à la fois comme le charaktèr personnel du Christ et comme le charaktèr du Logos / Âme du Monde en forme de croix ou de X, il n'y avait qu'un pas que l'entourage cultivé de l'empereur pouvait aisément franchir.

À partir du moment où Constantin a jugé opportun de donner des gages de confiance aux chrétiens sans choquer la majorité païenne, des esprits avisés parmi ses conseillers ont pu estimer, à juste titre, que le christogramme constituait un symbole relativement consensuel susceptible d'emporter l'adhésion des païens comme des chrétiens, des intellectuels comme des gens du commun, tous ayant eu un jour ou l'autre l'occasion d'apercevoir ou d'utiliser des phylactères marqués de signes analogues. L'équivoque était d'ailleurs appelée à durer : aux IVe et Ve siècles, et encore à l'époque byzantine, le clergé peine à faire cesser l'utilisation des charaktères chez des chrétiens qui recourent en même temps au signe de la croix. Plusieurs phylactères de cette époque montrent en outre que les signes cruciformes chrétiens ont été intégrés au répertoire des charaktères magiques.

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hal-00275253 , version 1 (24-04-2008)

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  • HAL Id : hal-00275253 , version 1

Citer

Luc Renaut. Christian Cruciform Symbols and Magical Charaktères. Polytheismus – Monotheismus : Die Pragmatik religiösen Handelns in der Antike, Jun 2005, Erfurt, Germany. ⟨hal-00275253⟩
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