La médiation sociologique : entre éthique et pratique, la connaissance
Résumé
Encore et toujours, technique et social sont séparés dans des camps bien distincts et l'introduction d'une formation humaine dans les écoles d'ingénieurs n'y change rien. Elle y sert d'alibi et de bonne conscience humaniste, laissant intactes les certitudes techniques et le déploiement de la rationalité technico-économique. Le divorce est souvent d'autant plus grand que la formation humaine consiste en : ouverture culturelle, formation philosophie et éthique, sociologie générale, etc. Or, à supposer que le questionnement éthique ait à faire avec l'activité technique et industrielle, il convient que l'éthique morde sur la pratique. La réflexion devrait alors s'ancrer sur le terrain et devenir une instance de réflexivité permettant de travailler de l'intérieur l'action. Mais pour que l'éthique puisse mordre sur le réel socio-technique, elle a besoin d'une médiation lui offrant, d'une part, les moyens de produire une connaissance des situations et de l'action, d'autre part, des traductions opératoires de ses préceptes et conclusions. Autrement dit, l'éthique risque d'être condamnée à la marginalité si elle ne se donne pas les moyens de travailler effectivement sur les situations, les pratiques, les outils, les connaissances et les objets de l'ingénieur. Au contraire, si elle se veut pertinente et efficiente, elle doit se donner les moyens de connaître et donc d'ouvrir les boîtes noires technico-économiques et d'y introduire une instance de réflexivité. Cela suppose que l'éthique travaille conjointement avec des disciplines scientifiques qui médiatisent sa réflexion et qui l'alimentent par la production de connaissances adéquates. C'est ici que l'ergonomie, la sociologie industrielle et des techniques, l'histoire sociale des techniques, les sciences économiques, notamment peuvent constituer des médiateurs entre pratiques technico-économiques et réflexion éthique.
Domaines
Sociologie
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)